Samia Hammi, musicienne et interprète, à La Presse : «L’important est d’aimer ce qu’on fait afin d’aller de l’avant…»

«Je veux» de Zaz, reprise par Samia Hammi, musicienne et journaliste, est accessible en ligne. Ce cover en clip est la dernière étape réalisée en date dans la continuité d’un parcours qu’elle s’est frayé tôt. Entourée de jeunes musiciens, comme le guitariste Dhirar El Kefi, Nidhal Mokhtar au clavier basse, Aziz Bel Heni au rythme, Rami Dagguech à l’accordéon et Mohamed Amine Sboui, cette réalisation est la preuve qu’une nouvelle vague de jeunes musiciens est en train d’émerger. Rencontre avec cette artiste en devenir.

Votre dernier clip est un cover de Zaz «Je veux». Pourquoi ce choix de reprise et pas un autre ?

Un coup de cœur qui est étroitement lié à l’humeur et au moral (rire). J’adore cette chanson : elle dégage une énergie hors norme, les paroles sont stimulantes. Ce morceau donne une pêche d’enfer. La proposition d’un cover s’est faite par Maghna Production, qui a proposé de commencer par «Je veux» de Zaz. J’ai évidemment accepté. Il y a eu tournage du clip, ensuite, sous la houlette de Lamjed Guiga, réalisateur, et le producteur Hédi Jelassi, il y a eu poursuite de cette réalisation. Guitare, clavier, percussion, clarinette… tout a fusionné. L’artiste Skander Ben Abid était à Tunis et s’est joint à l’aventure également. C’était nouveau pour moi et pour les auditeurs, habitués à un autre registre arabe, tunisien… C’est bien de varier. Le prochain cover est davantage arabe : ça sera une reprise ou ma propre chanson.

Avez-vous une préférence pour un répertoire en particulier ? Comment définiriez-vous votre style musical ?

J’avais des préférences : de l’arabe avec une touche instrumentale occidentale. «El Khabia», conçu dans le cadre du projet Act Now au Centre culturel international de Hammamet en 2019, mêlait sonorités «occidentale» et «orientale». Je veux tester. Expérimenter. Je reste ouverte à tout: malouf, occidental, arabe, oriental… Je me cherche encore : j’essaie de savoir dans quel style je peux percer et m’essayer donc dans divers registres.

Vous avez été dans des projets consistants, enrichissants, et vous êtes en train de mener à bout un autre. En tant que jeune artiste montante, comment ces projets vous poussent à aller de l’avant dans un contexte critique où la scène musicale fait de la résistance ?

L’expérience d’Act Now, qui a donné vie à «El Khabia», n’était pas un début. En amont, j’avais en ma possession déjà un projet entamé avec Mohamed Amine Harbaoui, guitariste, compositeur de ses propres chansons. J’étais davantage interprète à ses côtés. En plein projet, il a dû l’interrompre parce qu’il devait passer son Bac. Mounira Mnif, ancienne directrice du Centre culturel de Hammamet et de son festival, responsable d’«Act Now» à l’époque, et tous les responsables travaillant là-bas m’ont convaincue de ne pas laisser tomber. C’est ainsi que de très jeunes musiciens se sont joints à l’aventure, comme Taïeb Farhat, Anis Mestaoui, Mahmoud Turki… J’aimais déjà beaucoup leur travail. Sans oublier Elyès El Gaidi qui m’a encouragée à concevoir «El Khabia» avec des reprises pour commencer et des idées de morceaux. Ahmed Chaker Ben Dhia y a participé aussi. «El Khabia» est un travail collectif composé d’au moins six morceaux. Chacun de nous y a ajouté son empreinte. Il a été présenté à Hammamet entièrement et aussi au Bardo. Cette expérience était un tournant pour moi, mais je dirais plus qu’il s’agit de «maturation artistique». Actuellement, je tiens à enregistrer de nouvelles chansons, et je vise une nouvelle vision artistique, être dans la continuité de ma création. Hors de question de stagner ou de reculer (rire).

Vous avez commencé enfant à chanter. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai commencé à la télé : j’avais 12 ans. L’idée d’une formation en musique s’est imposée très tôt avec le soutien de mes proches. J’ai décroché un diplôme en musique arabe au Conservatoire de Sidi Saber. J’avais participé à «Sofiane Show» sur le petit écran, pour la première fois face au public en présence de Kaouther El Bardi, Jaloul Jelassi, Abdelhamid Gayess, Ahmed Cherif, Atef Ayachi, Raouf Kouka… Des gens formidables avec qui je suis toujours en contact. C’était mémorable.

Vous êtes journaliste culturelle et musicienne. Comment arrivez-vous à concilier les deux ?

Le virus du journalisme, je l’avais attrapé en m’informant via les médias. J’ai entamé les deux, mais pour ma formation académique, j’ai opté pour un cursus en journalisme à l’Ipsi. C’était très difficile par moments de gérer les deux, mais on y arrive. L’important est d’aimer ce qu’on fait afin d’aller de l’avant malgré tout. Ce sont des défis menés passionnément, et c’est l’essentiel.

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